Discours d'inauguration de Biden : renverser le carnage américain

par Michael Rickwood

J’écris ceci le premier jour du mandat du 46e Président des États-Unis, Joseph Biden, à la Maison Blanche. Après 4 années épuisantes pour l’Amérique et le reste du monde, la page des échecs d’un mandat introspectif, corrosif et diviseur est désormais tournée pour une nouvelle ère audacieuse, courageuse et réactive, reconnaissant d’abord la gravité des problèmes collectifs de l’Amérique et cherchant à les résoudre à travers consensus et action.

Joe Biden a du pain sur la planche, c’est certain. Cependant, avant d’engager quoi que ce soit, il lui fallait commencer par le bon discours. Et le 20 janvier 2021, sur les marches arrières du bâtiment du Capitole, le Président Biden a prononcé un discours inaugural passionné devant un public national et international.

Chez Ideas on Stage, nous avons pour habitude de segmenter un auditoire en 4 catégories de personnes :

  1. Les défenseurs, ceux qui sont déjà d’accords avec vous et qui feront la promotion de votre cause.
  2. Les indécis, ceux qui sont largement favorables, mais peuvent nourrir un certain scepticisme.
  3. Les sceptiques, ceux qui ne sont pas convaincus mais sont plus ou moins ouverts à être convaincus.
  4. Les hostiles, ceux qui ne seront jamais convaincus, quoi que vous disiez, et qui plaideront contre vous et vous saboteront peut-être même.

Ajoutons aussi que le but de tout discours persuasif est d’amener de votre côté les deux groupes intermédiaires que sont les indécis et les sceptiques. Une fois que vous aurez le soutien de trois des quatre groupes, les hostiles reculeront.

Dans cet article, j’ai choisi quelques passages qui semblaient séduire la majorité du public de Biden.

> « C’est la Journée des Amériques, la Journée de la démocratie, une journée d’histoire et d’espoir, de renouveau et de détermination. »

Cela s’adresse à tout citoyen qui reconnaît la démocratie américaine et valorise les libertés qu’elle défend. Il convient de noter qu’il y a des hostiles qui ne croient pas à la démocratie.

> « Nous avancerons avec rapidité et urgence, car nous avons beaucoup à faire en cet hiver de périls et de possibilités. Il y a beaucoup à réparer. Beaucoup à restaurer. Beaucoup à guérir. Beaucoup à construire. Et beaucoup à gagner. »

Ceci est dit pour donner un élan à ceux qui reconnaissent les dangers et les opportunités qui les entourent. Le problème est alors présenté en des termes non équivoques :

> « Peu de périodes de l’histoire de notre pays ont été plus difficiles que celle dans laquelle nous nous trouvons actuellement. Un virus une fois par siècle, des vies perdues, des emplois perdus, une injustice raciale, un cri de survie de la planète et la suprématie blanche… »

Il passe ensuite à la solution illusoire :

> « Unité, unité. »

Cela va droit au cœur de ceux qui peuvent mettre de côté leurs différences et travailler pour le pays.

Pour lever tout doute et démontrer son engagement, Biden cite Abraham Lincoln et particulièrement l’acte d’émancipation :

> « J’y mets toute mon âme. »

Biden poursuit en disant :

> « Aujourd’hui, en ce jour de janvier, toute MON âme est dédiée à ceci : rassembler l’Amérique, unir notre peuple et unir notre nation. Je demande à chaque Américain de se joindre à moi dans cette cause, de s’unir pour combattre les ennemis communs auxquels nous sommes confrontés, la colère, le ressentiment, la haine… »

Encore une fois des mots puissants pour les défenseurs et les sceptiques. Il poursuit en énumérant les actions qu’il entreprendra pour tenter de renverser le statu quo, en poussant à l’autonomisation collective, en réparant les alliances au-delà des frontières américaines, là encore l’unité étant le mot clé. Son discours est énergique mais provocateur.

> «  Ne me dites pas que les choses ne peuvent pas changer. »

Il a alors un mot pour les hostiles :

> « Et si vous n’êtes pas d’accord, qu’il en soit ainsi. C’est la démocratie, c’est l’Amérique. Pourtant, écoutez-moi clairement : le désaccord ne doit pas conduire à la désunion. Je vous le promets ; Je serai le président de tous les Américains. »

Biden évoque ensuite les besoins communs de tous les Américains et aucun n’est plus important que la vérité.

> « Ces dernières semaines et mois nous ont appris une douloureuse leçon. Et chacun de nous a un devoir et une responsabilité, en tant que citoyens, en tant qu’Américains, et en particulier en tant que dirigeants - des dirigeants qui se sont engagés à honorer notre Constitution et à protéger notre nation - de défendre la vérité et de vaincre les mensonges. »

Il termine enfin avec quelques mots sur le service à rendre :

> « Je vais tout donner pour vous servir, ne pensant pas au pouvoir, mais aux possibilités. » 

Encore une fois, il cherche à rassurer son auditoire sur ses intentions et continue à féliciter tous les Américains qui ont défendu les principes démocratiques, quelle que soit leur position.

> « Et ensemble, nous écrirons une histoire américaine chargée d’espoir, et non de peur. D’unité, et non de division. De lumière, et non des ténèbres. »

Le discours a été accueilli chaleureusement tant au pays qu’à l’étranger. Quiconque se soucie de la liberté de la démocratie américaine ne peut manquer d’être ému par ces mots, que vous soyez un défenseur, un indécis ou un sceptique sévère. Les hostiles se compteront sans aucun doute et retourneront dans les ombres haineuses comme ils l’ont fait tout au long de l’histoire. À l’instar des germes d’un organisme qui se heurtent constamment à un système immunitaire, les acteurs hostiles ne peuvent jamais être complètement éliminés et ils feront tout à l’avenir pour que les systèmes de défense de la démocratie restent sur leurs gardes.

La cérémonie d’inauguration du 20 janvier dernier avait des airs de fin de guerre, en regardant l’Amérique pousser un soupir collectif de soulagement, libérant l’humanité supprimée et l’inclusion.

Les luttes demeurent cependant, mais les progrès vont de l’avant, collectivement, douloureusement pour s’attaquer plus efficacement aux problèmes de l’Amérique, ensemble.

Et il n’y a rien de tel qu’un bon discours pour commencer !