Sept leçons de l'événement d'Apple

par Pierre Morsa

Apple Spring Loaded

Hier, tout le monde parlait de l’événement d’Apple « Spring-loaded » sur les réseaux sociaux, et pour une bonne raison : il était tout simplement incroyable. Tout était parfait : les produits, les intervenants, les lieux, la scénographie, la réalisation. Les employés d’Apple doivent se sentir incroyablement fiers aujourd’hui après un tel événement. J’ai identifié sept éléments qui séparent Apple de ses concurrents.

  1. Coaching. Faites-vous coacher avant de prendre la parole. Si vous regardez la vidéo, la diction, la voix, la posture, le langage corporel de chaque intervenant est impeccable. Je suis toujours étonné lorsque, par exemple, je vais voir une société de conseil qui me dit que « les associés n’ont pas besoin d’être coachés ». La vérité, c’est que la plupart des associés ont désespérément besoin d’être coachés.
  2. Leadership. Il est évident que Tim Cook, le CEO d’Apple et protagoniste principal de l’événement, a été fortement impliqué dans sa préparation. Je vais même plus loin : le nouveau format n’a été possible que grâce au leadership, au sponsorship et à l’implication directe de Tim Cook. La société événementielle a fait le gros du travail en coulisse, mais au final Tim Cook a assumé la responsabilité du résultat final.
  3. Préparation. Un des facteurs de succès qui est souvent ignoré, c’est l’effort nécessaire pour atteindre un tel niveau de perfection. On parle ici d’un niveau de qualité équivalent aux superproductions américaines. Si vous décidez de passer juste une heure à vous préparer, ou pire si vous décidez d’improviser, vous ne serez jamais au niveau d’un événement Apple.
  4. Script. Il n’y avait pas un seul moment ennuyeux pendant l’événement d’Apple. Tout était parfaitement rythmé et avait sa place. Pourquoi ? Parce qu’ils ont pris le temps de préparer un script détaillé à l’avance plutôt que de lancer des choses au public en espérant que ça fonctionne.
  5. Produit. Chaque produit est le meilleur de sa catégorie. Je reconnais que je suis un fanboy Apple, mais par le passé je n’ai pas hésité à critiquer les produits que je trouvais nuls (par exemple je continue de penser que le Mac Pro est un produit trop complexe et moche, et je ne vais même pas rentrer dans le débat de ses roulettes à 700 euros). L’événement est très bon, mais ce qui compte vraiment, les produits, eux, sont incroyablement bons.
  6. Qualité. Lorsque nous préparons un événement, nous recevons souvent des vidéos de basse qualité, filmées dans des pièces encombrées, avec du grain et des pistes audio remplies de bruits de fond et avec un volume trop faible. Il est vrai que les progrès de ces dernières années en matière de traitement audio et vidéo nous permettent d’améliorer le résultat, mais il n’y a pas de miracle : si vous voulez un résultat parfait, il faut que ce soit filmé et enregistré par des professionnels. Il n’y a pas de raccourci possible.
  7. Valeurs. Dites ce que vous voulez sur Apple, ils s’engagent. La vidéo incluait un mix varié de genres et d’ethnies. Je suis conscient que ce mix ne représente pas la composition réelle des employés d’Apple et que cela peut sembler injuste. C’est une question de choix et je pense qu’Apple a raison : vous devez incarner le changement que vous voulez voir dans le monde, sinon il ne se produira jamais. Et en parlant de valeurs, c’est bien de voir une société high-tech se préoccuper des questions environnementales. Cependant, Apple est loin d’être une société parfaite à ce niveau.

Il y a une chose qui manque dans cet événement : le naturel. Il était tellement parfait qu’on en perd un peu la connexion humaine. Mais je pense qu’Apple a atteint son objectif : ils ont mis la barre incroyablement haut pour leurs compétiteurs. À la fin des années 90, lorsque Steve Jobs est revenu à la tête de la société, il a imprimé sa marque de fabrique à travers les keynotes. Les autres sociétés ont littéralement mis des années pour s’adapter (et copier le style d’Apple). Je suis curieux de voir combien de temps elles vont mettre cette fois pour s’adapter ; la balle est clairement dans le camp de Microsoft, Google, Intel ou Nvidia.

Et je terminerai en posant une question provocante : combien de temps votre société va-t-elle prendre pour s’adapter ?