Éviter les mauvaises présentations style TED

par Joe Ross

Le temps du narrateur expert est révolu. Nous sommes entrés dans « l’ère de la désinformation », où les fausses nouvelles, les conspirations et les « memes » ont pris le pouvoir.

L’une des victimes les plus importantes, du moins du point de vue des présentations, sont les présentations de style TED réalisées par des experts, avec une communication descendante : l’enseignant forme ses élèves, qui écoutent, assis, avec une attitude passive.

Nous voyons notre modèle de confiance traditionnel remis en question ; d’une distribution du savoir centralisée et contrôlée par des sachants, nous évoluons vers quelque chose de beaucoup plus plat, de décentralisé, de distribué et peut-être même autonome.

Dans notre nouvelle « ère de la désinformation », la distribution de l’information s’est démocratisée. Toute personne disposant d’un accès Internet peut créer et télécharger du contenu écrit, audio ou visuel d’un simple clic. Le problème est que tout contenu n’est pas de qualité égale. Quiconque possède un compte YouTube et un smartphone peut soudainement se désigner en tant qu’expert sur n’importe quel sujet en dix minutes ou moins, au lieu des dix années de travail en moyenne que nécessitent la formation de vrais experts. Pourtant, personnellement, quand je suis malade ou que mes enfants attrapent quelque chose, je me fie à nos professionnels de santé qui basent leurs pratiques sur de nombreuses années d’études, combinées à de nombreuses années de pratique, plutôt qu’à un expert autodidacte autoproclamé qui me dit que les vaccins font partie d’un complot mondial visant à contrôler les citoyens, ou que ma fièvre de 40 degrés n’est qu’une manifestation physique de ce que j’ai dans la tête. Je ne veux pas tracer une ligne fixe, car il est peut-être vrai que le stress joue un rôle dans la maladie, mais vous voyez ce que je veux dire.

Nous sommes maintenant entrés dans une période où la confiance ne dépend plus du statut d’expert. La télévision a perdu son rôle de référence dans la diffusion de l’information ; nous sommes submergés par un flot incessant de récits contradictoires essayant d’obtenir le plus grand nombre de followers comme preuve de leur validité.

Alors, les présentations au format TED sont-elles encore le meilleur moyen de communiquer ?

Il est très difficile d’obtenir des statistiques, mais il est clair que l’envie d’écouter les experts, surtout chez les jeunes générations, s’estompe. Tout comme dans le domaine de l’éducation, la tendance à la mise en commun des connaissances est à la hausse ; cependant, ce n’est pas mon sujet, car nous avons appris des bons orateurs TED et TEDx au fil des ans. Cependant nous devons nous demander maintenant ce qui va suivre, ce qui a été appris et ce qui doit être transformé.

Premièrement, pourquoi certaines personnes en ont-elles assez du style TED ? Qu’est-ce qui nous avance vers la fin de notre histoire d’amour de dix ans ? Permettez-moi de suggérer certaines choses que j’ai identifiées de concert avec mon collègue chez Ideas on Stage, Michael Rickwood, dont nous sommes de plus en plus lassés.

Il y a le vieil adage, la familiarité engendre le mépris, et il s’applique ici. Il y a tout simplement trop d’événements de type TED qui se déroulent chaque semaine dans toutes les villes, de qualité inégale. Trop de choses, si bonnes soient-elles, deviennent fatigantes.

Et pourquoi ressentons-nous cet air de déjà vu ? Si chaque discussion a un sujet différent, pourquoi ont-elles l’air familières ? Je dirais que ce n’est pas la faute du sujet ; il s’agit plutôt de la « formule » désormais vue et revue utilisée par les orateurs pour préparer et prononcer leurs exposés. Ils semblent être plus concentrés sur faire en sorte que leur présentation ressemble à celles qu’ils ont vues sur Internet. Ils ne s’arrêtent jamais vraiment pour prendre en considération leur public et ce à quoi il pourrait s’attendre.

Qu’est-ce que je veux dire par « formule » ? Si vous avez déjà vu de nombreuses présentations TED, vous pourriez probablement me le dire ! En fait, il y a désormais des présentations où les présentateurs se moquent du style TED, à savoir les surprises, le moment du rebondissement désormais prévisible de l’intrigue et, surtout, la fin riche en émotions soigneusement conçue pour faire applaudir.

Et puis bien sûr il y a des opportunistes qui utilisent ces événements pour détourner l’événement à des fins de promotion personnelle.

Ce style de présentation — veuillez consulter un article précédent que Michael et moi avons publié sur Pathos, Éthos, Logos — contribue à un déséquilibre par rapport au pathos. C’est notre style de présentation général. Maintenant, nous avons à la fois des chefs d’entreprise et des politiciens jouant sur les émotions en négligeant souvent la véracité des faits, voire pire, en oubliant l’éthos, le côté moral de l’histoire.

Nous avons perdu l’équilibre dans la formule de narration. Comme le dit Pierre Morsa, cofondateur de Ideas on Stage, « La formule ressemble à celle des films hollywoodiens. C’est nécessaire : les films auxquels il manque un ingrédient de la formule sont souvent des échecs. Vous pouvez omettre certains éléments, mais vous devez en comprendre l’impact. Et finalement, bien que tous les films hollywoodiens utilisent la même formule, certains sont géniaux et d’autres sont nuls. »

Alors, que faire ?

Chez Ideas on Stage, nous entraînons nos orateurs vers ce que nous sommes en train d’appeler, le style de présentation « Post-Ted ». Nous explorerons cela dans un prochain article.

Ce vers quoi nous nous dirigeons, c’est une approche qui consiste en une communication éthique et équilibrée utilisant une communication honnête reposant sur ces trois piliers : authenticité, compassion et empathie. C’est peut-être le nouveau triumvirat du XXIe siècle pour garder intacte notre passion des présentations.

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